« JE NE RESSEMBLE À RIEN !! » : le constat est sans appel.
Une mèche tendue vers le ciel, on acquiesce à notre propre reflet en voyant l’étendue des dégâts. L’été est passé par là : fin de la saison « crinière sauvage ». Prendre rendez-vous ? Impossible ! C’est pour tout de suite, là, maintenant. La transformation en femme fatale ne peut pas attendre.
On ne sait pas trop ce qu’on veut mais ce doit être glamour, mais pas too much, sexy mais pas vulgaire, « classe » mais pas coincé et surtout moderne mais pas trop « hype ». Nous, en mieux, prête pour affronter l’automne. Compliqué ? Non, nous voilà comprise, dès la première pointe fourchue que ce professionnel a aperçue. « Je vois EXA-CTE-MENT ce que vous voulez ! » (Ah ? Parce que nous-même, on ne sait pas trop ce qu’on veut, en fait.)
Le coiffeur commence son ballet de peignes, ciseaux, et autres sèche-cheveux.On surveille fébrilement, notre reflet dans la glace, le résultat de chaque étape, en se rassurant : « faut voir quand ce sera fini ... » Au moment où on se répète que c’est franchement horrible, notre âme-sœur de la perruque nous brandit un petit miroir comme pour nous aveugler : « C’est sublime ! »
Le gars est aussi enthousiaste que s’il venait de peindre la Joconde. On a envie de lui crever les yeux avec ces ciseaux argentés et de lui brûler la rétine avec son fer à lisser. À l’intérieur on hurle : « Mais il m’a fait une frange de Playmobil ! Et le volume, on dirait les Jackson Five réunis sur ma tête ... C’est quoi cette couleur Yvette Horner ??? » On répond, avec un petit sourire minable, les yeux embués par un mélange de haine et de honte : « euh oui, c’est sympa ... »
De retour chez nous, on pleure : « JE NE RESSEMBLE À RIEN !! »
Par Lydie, Les P'TEA POTES